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Education : contre l’hystérie ambiante

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La réforme des programmes que vient d’engager la ministre de l'Education nationale  utile et réaliste mais néanmoins modeste, ne mérite ni le déchaînement de passion, ni l’indignité dont on l’accable, les uns par un opportunisme politique étriqué, les autres dans une réaction corporatiste frileuse à vrai dire d’un autre âge. Mais il y a mieux, c’est-à-dire pire. On sent poindre sous ces mots virulents et ces tournures ambiguës, méprisantes parfois, la volonté de cogner fort du fait que « le ministre » est une femme. Comme du reste on le fait d’abondance sans discernement pour Christiane Taubira. On nous suggère que leur action ne peut que se révéler « médiocre » ! Qui plus est, ni l’une, ni l’autre ne présentent toutes les « garanties d’origine ». Pensez-donc comment pourraient-elles connaître la substantifique moelle identitaire de l’âme hexagonale ? Comment en outre n’agiraient-elles pas sournoisement à réduire la culture classique nationale ? Ainsi, la ministre Belkacem à l’Education Nationale, instrumentalise les cours d’Histoire pour éroder « le Récit National » et y substituer insidieusement une culture étrangère ! Hélas, ces insinuations, bien qu’indignes, sont classiques.

Classiques aussi, mais excessives et infondées les critiques formulées contre les changements proposés dans l’enseignement de cette discipline. La sphère sarkozyste en campagne électorale tire à boulets rouges avec ses excès sémantiques habituels, toujours prompte à raviver les vieilles peurs par le biais de la fibre identitaire. En revanche, on éprouve un certain malaise lorsque l’on voit un homme comme Pierre Nora, l’élite parmi l’élite, joindre sa voix à celle du chœur des lamentations navrées ou outragées. Qu’il s’associe aux conservateurs de tous poils est pour le moins surprenant chez un homme qui sait mieux que quiconque que les sociétés évoluent et se transforment en permanence et qu’il n’y a pas d’alternative à l’adaptation des institutions, pour l’Ecole autant que pour tout autre.

Cessons donc l’hystérie ambiante. Si la réforme Belkacem est imparfaite, il est incontestable que ce qui se pratique aujourd’hui n’est plus satisfaisant. Les approches et les contenus devaient évoluer. Il faut désormais que les esprits se calment sur ce sujet inflammable et que les experts reviennent à un peu plus de sérénité notamment en tenant leurs préjugés à bonne distance. Il s’agit d’assainir d’un débat qui mérite mieux que des approximations ou des querelles sommaires abritées derrière de trop grandes certitudes.

Bernard Duquesnoy, Donneville (Haute-Garonne)


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